Comme nombre d’entre nous, en continuité de l’adolescence, j’ai passé la première phase de ma vie d’adulte à me percevoir libre de tout faire, à cœur perdu.
Puis la seconde phase, je l’ai passée à consolider des liens issus de ces actions libres… Et la troisième à me rendre de compte que l’air de rien ces actions s’appelaient des choix, et qu’en fait, ils n’avaient pas été si libres que cela… Alors, pour me sentir mieux, j’ai soigné les apparences en essayant de tout faire entrer au chausse-pied, les pompes, les casquettes et les masques aussi, en corsetant le dedans et en contrôlant le dehors… Jusqu’au moment où trop tard, le vernis a craqué. Je ne me reconnaissais plus, j’avais l’impression que cette vie n’était pas ma vie… J’avais envie d’une autre vie (ici là tout de suite, pas dans 1000 ans et pas dans un autre corps). Les issues étaient globalement de deux sortes : la fuite (avec son cortège de tous les moyens bons pour être ici en étant surtout ailleurs) ou la crise de déprime ! D’autant que je venais de passer la quarantaine rugissante…
Alors la perspective de la cinquantaine hurlante m’a aiguillonné. Vite, faut que ça change (surtout les autres). Vite, un truc pour m’enlever ces problèmes qui font de moi une autre… Tiens, une thérapie ! Ultime, zou et hop ! Rapide si possible. Façon potion magique ! Vite de l’hypnose, de l’EMDR, une guérison. Et ça a véritablement marché. En trois ans, je suis sortie de ce chaos… juste absolument pas comme je l’imaginais. Et j’aimerais bien vous dire que j’ai recommencé à vivre. En vrai, mon sentiment est que j’ai commencé à vivre.
Avec une perception de la liberté différente. Existe-t-il une liberté sans prise de conscience ? Sans explorer le non conscient qui nous anime (et s’observe très bien à l’électroencéphalogramme). Et alors le fruit de ma perception s’est déconfit, déconstruit si vous préférez. Pour dire vrai, l’enchaînement s’est recomposé ainsi : d’abord l‘exploration de l’inconscient, puis la liberté – et c’est de cette expérience de liberté qu’est venue la prise de conscience. Depuis le début, j’avais pris les choses à l’envers. De cette façon tout a commencé à fonctionné, bien mieux, bien plus vite, bien plus efficacement. Il y avait toujours des problèmes mais ils ont commencé à devenir des difficultés, n’atteignant plus ce « qui je suis » ; ce « je » qui devient de plus en plus stable, centré, présent.
Avec une perception du changement elle aussi différente. Je croyais que j’allais changer, comme lorsque l’on va chez le coiffeur et que l’on entre brune pour sortir blonde – ou l’inverse. Où est le choix quand il n’y a qu’une possibilité ? Là non, j’étais l’ancienne moi, avec mes réactions brutales, radicales et en même temps j’avais la possibilité d’être la nouvelle moi, plus présente, plus active, moins réactive, de moins en moins réactive. La baguette magique, elle ne m’avait pas transformé en quelqu’un de différent. Elle m’avait doucement, tout doucement appris à me donner le choix, celui de choisir qui je veux être, qui je veux devenir. Elle m’avait donné les moyens de m’aligner, d’abord inconsciemment puis consciemment sur ces choix. J’étais un éventail fermé ; j’avais automatiquement appris à l’ouvrir, pliure après pliures.
Ce plaisir de (re)trouver sa vie, au creux de soi, il m’est apparu essentiel. Il m’est devenu évident de le délivrer, pour contribuer au monde avec cohérence. J’avais trouvé une super recette et j’ai eu la folle envie d’inviter les gens que j’aime à la partager ! C’est pour quoi je me suis formée à ce que je croyais n’être qu’une technique. Ou un langage, celui qui se parle en terre inconnue, en inconscient. Ce que j’allais découvrir, c’est que c’est avant tout un art de vivre d’abord avec soi. Un art de vivre d’une façon qui libère des automatismes et active la présence. J’avais fait de la transe pour ouvrir les yeux. En décidant de transmettre comment revenir à soi, je venais de mettre le petit doigt dans un processus qui allait m’amener bien par-delà mes espérances. A ce jour, je ne sais pas où il me conduit ; je le suis, et avec lui, j’ai le goût de la vie. J’allais un jour me coucher avec une sensation de plénitude inimaginable simplement, voyant le beau partout même dans les recoins sombres de l’existence. J’allais un jour me lever avec un puissant sentiment d’appartenance, au vivant.
Et plus je conduis des gens à trouver ce qui les habite, les anime et plus cette sensation s’amplifie. J’aimerais vous dire que j’ai la chance d’accompagner sur ce chemin des millions de gens satisfaits mais ce n’est pas (encore ?) le cas. J’avais l’envie ; m’accorder d’en faire ma vie, ça m’a pris du temps ! Je commence tout juste à manifester mon élan, à offrir mes services au grand jour. C’est le fruit d’un processus intérieur qui a du sens, celui de créer sa structure et d’en vivre, celui de la congruence assumée entre être, connaitre et faire. Je sais qu’il y a des défis, des chausses trappes, de l’inconnu sur la route et que tout cela va amener encore d’autres choix ; des choix qui vont à leur tour, composer qui je suis en train de devenir pas à pas. N’est-ce pas ce que je fais qui me définit, et fini à son tour par recomposer qui je suis ?
Oui parce que, même si l’on perçoit rarement la transition entre les deux, l’écart entre qui je suis et ce que je fais n’est pas neutre, ni vide. Comme souvent, ce que l’on prend pour un insignifiant trait d’union est un processus en lui-même qui transforme le sens des deux termes. En l’occurrence ici, il fait appel à la dissonance cognitive (L. Festinger, 1960), vous savez cette faculté que le mental humain a pour gérer l’incohérence entre nos représentations (y compris celle de soi) et nos actes en alignant… nos représentations ! De fait, nos représentation peuvent changer elles, alors qu’un acte réalisé est inchangeable. Enfin ça, c’est dans le cas où la personne en reste responsable. De ses actes. Elle peut aussi refuser d’en être la cause et alors 4 nouvelles alternatives s’offrent à elle (Chatzidakis, 2006) pour maintenir la cohérence entre son comportement et ses représentations, telles que : 1/rejeter la faute sur les autres, 2/minimiser les effets du comportement incohérence, 3/condamner les autres (à cause de leur incapacité) ou 4/invoquer une cause intérêt supérieur (qui la dédouane du respect de ses valeurs personnelles). Ces 4 alternatives ont un point commun : en adoptant ces représentations, la personne renonce purement et simplement à sa puissance d’agir, sa capacité à créer autre chose !
Alors, vous qui êtes acteur, vous reconnaitre en tant que créateur, ne restez pas seul(e) ! En échauffant ses capacités à créer, chacun va pouvoir découvrir son univers et le faire découvrir. Mais pas n’importe quel univers, celui qui vit en votre âme et conscience – et que vous êtes le seul à pouvoir mettre au monde.
Alors il y aura de belles rencontres, de la joie et de la liberté, la vraie. D’ici là, dites-moi, vous reconnaissez-vous dans tous les rôles de votre vie aujourd’hui ?