Partir, se faire la belle ! Réduire ce que l’on possède à ce que l’on emporte. Bouger, s’évader, marcher ailleurs dans un monde plus grand, secouer les habitudes, se défaire des plis, prendre le temps de sortir du tout tracé, choisir l’errance où mieux se trouver, dépasser ce que l’on attend ordinairement de soi.
Vas ! Retrouver la sensation de se frotter au réel, face à ce qui appelle une variation de l’acuité des sens et de l’attention : les rencontres d’étrangers, les paysages nouveaux, le mouvement inattendu. Ouvrir sa route. Alimenter sa capacité à vivre pleinement… Et puis un beau jour revenir, ramener cette régénération à sa terre. Sacrée aventure ! Et l’aventure, ça créé.
Tiens, l’ aventure… n’est-ce pas tout simplement une manière de s’ouvrir au monde, c’est à dire de s’ouvrir à l’inconnu, d’être à ce qui est – et de voir ce qui arrive ? Certains d’entre nous partent à l’autre bout du monde, mettent parfois leur vie en jeu pour l’éprouver. D’autres trouvent cette confrontation et le goût de vivre vraiment juste là, dans le quotidien, en partant dans la création ou l’engagement. Peut-être la dénicherez-vous quelque part entre ces deux extrêmes géographiques, le large d’Ushuaïa et le large dans son cœur 😉
Une chose est sûre : l’aventure ne vient jamais d’un écran, quel que soit le programme. Elle ne peut advenir dans la passivité. Car elle ne pompe pas nos forces, au contraire, elle les active par contact. C’est le secret de son intensité. Son moteur est une dynamique partagée dans l’instant, un mouvement d’intégration au cœur de laquelle nait une alternative vibrante unique – ça crée de la vie, quoi. Pour M. Fontenoy, c’est au contact du cœur de l’océan ; pour M. B. Crawford, c’est au contact du cœur d’un moteur, un carburateur ; pour moi, c’est au contact du cœur de l’énergie créatrice, sensible, invisible – de ce qui nous porte à créer. Et pour vous ? Comme nous nous absorbons dans ce contact, nous le faisons nôtre et il nous régénère.
Enfin, l’aventure comporte un retour. Retour au berceau, dans la culture où la régénération fait sens. C’est la fin du début de la régénération, une renaissance ! Car du voyage, chacun va rapporter quelque chose de vivifiant parce qu’il nous a revivifié. Cette précieuse contribution élève le vivant dont nous sommes issus, parce qu’elle nous a élevé, transmute tel ou tel aspect de la société parce qu’elle nous a transcendé. Pour autant, la capacité à apporter une valeur ajoutée créative se double de la capacité à l’intégrer, sans éluder les contraintes d’une culture plus ou moins fermée. Cette ré-intégration ne demande pas moins de force d’esprit que le départ.
Seulement voila, si l’on n’y porte pas un instant d’attention, nous sommes conduit à penser que ces aventuriers sont à la marge. Personne ne pousse pas vraiment à cette consommation là. Non pas que nous n’admirons pas les tenants des exploits que l’aventure a amené à réaliser ! Que ce soit dans le sport, la tech, le business, l’art, les médias les porte en héros ; ils sont couverts des apparats de la célébrité. Mais les normes que l’on doit satisfaire dans ce domaine sont focalisées sur le défi dont l’aventure émerge. Et même pas le défi pour le défi, non, le défi pour se mesurer. La grandeur ultime ? Ce n’est pas la capacité à intégrer un nouvel horizon ou l’ouverture à une réalité plus vaste des choses, c’est la victoire ! Dans cette perspective, la plupart des voyages (à commencer par les voyages organisés) perdent l’opportunité de l’aventure au profit de la réussite. Or à mon goût, le défi pour la mesure et l’exploit sont moins intéressants que ce que l’aventure génère : un renouvellement pur et simple du rapport entretenu par l’être intérieur avec le monde extérieur. Elle est peut-être là, la bascule entre deux cultures, celle où règne la compétition et celle née de nos solidarités solidaires. Dans le rétablissement de la relation de soi à soi, face aux défis par lesquels nos vies nous éprouvent, nous offrent des choix. A chaque instant, nous pouvons risquer d’en faire un nouveau, un aventureux, un inconnu qui élargit bénéfiquement la vision et enrichit ainsi la valeur du monde.
Car il y a bien un gain – mais gagner, ce n’est pas être spectaculaire en se hissant au sommet d’une hiérarchie fantastique, en se mesurant aux éléments pour les dominer. Gagner, c’est accéder à l’intégration de soi en leur milieu ! Gagner, c’est pouvoir dire : j’ai trouvé des choses enrichissantes et mêmes sublimes que je ne savais pas qui étaient en moi, intimes. Parfois, ce sont des trésors universels et alors quand on écoute les aventuriers revenus de voyage, on sent frémir en soi quelque chose d’ineffable et l’envie de découvrir véritablement sa vie nous aussi. Gagner, oui, en humanité – et faire gagner, diffuser cette humanité dans de nouvelles habitudes d’action. N’est-ce pas ainsi que nous enrichissons notre milieu ? En d’autre termes, nous aussi sommes appelés à réenchanter l’environnement grâce au réenchantement de soi.
Nombre de gens ne reconnaissent pas un gramme d’aventure dans ce qu’ils vivent. C’est normal : le dépassement de soi quotidien dont ils font preuve n’est pas effectué selon les critères mis en valeur dans notre société aujourd’hui. Quelle victoire, quelle mesure admirable de soi est-elle tirée d’un soin palliatif ? Il est donc difficile dans ces conditions d’intégrer la valeur ajoutée de l’aventure possible en chacun de nos instants. C’est impossible sans sortir du cadre visible et des grandeurs mesurables. Je crois que c’est ce qui se passe ces derniers temps pour plein d’anonymes, dont beaucoup de soignants par exemple. Peut-être est-ce la même chose avec la capacité d’exploration qu’avec la capacité de création, une question de cadrage qui en cantonnant l’art aux artistes, ne permet tout simplement pas de reconnaitre que chacun de nous est porteur(euse) de l’aptitude innée à une vie créative…
D’autres renoncent à l’aventure, par peur du risque lié au défi héroïque, par la peur d’échouer, de percevoir son éventuelle petitesse du coup aussi. D’autres encore s’en détournent, jugeant d’être insuffisamment structuré, exceptionnel ou discipliné. C’est d’autant plus problématique qu’effectivement, partir à l’aventure ne nécessite une seule chose : l’aptitude à se détacher de son socle ! Quel qu’il soit, aussi insignifiant soit-il à l’oreille d’un journaliste. Comment simplement avoir (au moins) un autre choix que celui de se forcer ou de se prouver quoi que ce soit ? En choisissant de se plonger entièrement là bas ou ici en soi, observant sereinement son ressenti… vivre ce que l’on vit et y trouver une bouffé d’air du large.
Vas ! Pas toujours si simple. Car notre faculté de partir est empreinte de notre manière de nous détacher – et donc de nos modes d’attachement. Avec des enfants en garde alternée, j’ai connu un certain temps la joie des we où les enfants partaient chez leur père. J’ai constaté assez vite que souvent, une dispute précédait le départ. Comme s’il était plus facile de se séparer quand on était fâchées. J’ai mis beaucoup d’attention à corriger cette manière de faire, chaque fois que je sentais le vent tourner. Car le conflit était juste le révélateur du manque de sécurité. Il y a une autre manière, bien plus écologique que la colère, pour convoquer la confiance en soi au moment du départ : se sentir suffisamment entouré. Cela vous semble paradoxal ? Approfondissons le sujet !
La théorie de l’attachement de J. Bowlby suggère que l’enfant conduit ses activités exploratrices avec d’autant plus de confiance et de facilité qu’il a une base de sécurité. Et la sécurité c’est quoi ? C’est une présence disponible, c’est à dire qui prête une vraie attention – à l’enfant et à ses attentes (disponibilité). Cette présence le tranquillise car il ressent la proximité physique et émotionnelle ; il est disponible pour ses propres initiatives. A l’inverse, le rejet répété des signaux de l’enfant, en particulier dans les situations de stress, bloque ses velléités d’exploration. Ce pli relationnel est un prototype qui perdure parfois longtemps, se transmet de génération en génération. Surtout, il percole dans d’autres fonctionnements. C’est, en quelque sorte, un mode opératoire relationnel qui se transforme en confiance (ou pas) dans la relation avec les proches. Il se transforme ensuite en confiance (ou pas) en soi tout court. De là découle le développement (ou pas) de l’aptitude à aller vers l’inconnu, prêter attention à la vie qui nous entoure.
C’est pourquoi il est bien utile de connaitre les avantages de la pleine présence dans le voyage intérieur pour s’exercer à l’exploration. « Si je vais habiter la bas, je vais rencontrer des difficultés et j’ai peur de ne jamais plus vivre une vie aussi riche que celle que j’ai ici, d’ailleurs je perdrais mes amis… » , « Dans cette situation sanitaire qui perdure, j’ai pris l’habitude de rester des heures sur Insta car je ne supporte plus l’isolement, je sens que je vais rencontrer de grosses difficultés quand ce sera fini… », « Quand cette femme partira, je ne pourrais plus me relever… » : on passe son temps à faire des voyages intérieurs ! Mais sans forcément y mettre une attention soignée. Faire attention à… son attention. A chaque fois que l’on arpente de nouveaux chemins guidés par sa voix interne, de nouveaux chemins neuronaux se créent. Il est donc important de s’entraîner à le faire en état de pleine attention à ce que l’on vit. Le voyage devient alors une expérience créatrice qui permet en plus d’oser se plonger dans l’aventure d’être soi – sans apriori, sans interprétation. Mûrir, grandir, s’accomplir, apprendre plein de choses tout au long de l’existence en investissant de ses talents, sa créativité, en utilisant la neuroplasticité. En partant sur cette voie de cette manière, on apprend à se dissocier du contrôle exercé par nos plis mentaux sur nos habitudes d’action (croyances). Car en ré associant l’attention à la conscience à l’aventure, on retrouve une présence tranquille qui nous apaise. Elle nous invite à nous régénérer par nous-même en s’élançant dans ce monde sensitif que nous sommes. Ce dernier est en fait aussi grandement inconnu et extraordinairement surprenant que le monde qui nous entoure. Conduite par chacun de nous, sans absolu ni définitif, l’enthousiasmante aventure d’être soi peut vraiment régénérer l’avenir individuel. Et nos gestes peuvent alors véritablement se réinventer, ce qui nous met en position de contribuer à régénérer, re-créer, ré-inventer le devenir de tous les êtres avec lesquels nous formons la vie.
Amæ. Notre application est disponible à compter de décembre 2021 ici. Méditations/ Présence/ Énergie/ Échauffement des aptitudes créatrices – et bien plus encore.
Texte d’audio seul (envoi courrier) : 35 € / 5 envois complets (envoi courrier) ou accès à vie en ligne : 132 €. Paiement possible en 10 fois 14€. 14 jours d’essai gratuit et tarif étudiant sur demande.
À compter du 1/12/2021 : Calendrier de l’avent (accès gratuit) : 25 jours, 25 fois 4 min pour se réjouir des multiples saveurs du don de vivre. Accès à un nouvel audio chaque jour 365 fois 5 min dans l’app. En l’utilisant, traversez une année réenchantée au quotidien et arrivez à Noël dans un état d’âme propre à célébrer la renaissance des forces radieuses de votre nature. Et cette année plus aisément peut-être, les illuminations des rues feront-elles écho à celle, inaltérable, de votre cœur.
NB Chacun étant libre de ses croyances, nos audios sont conçus en dehors de toute religion.
Envie d’en parler ? C’est par ici.